DES NOUVEAUX MERCENAIRES A UVIRA ? LE RÊVE DE TSHISEKEDI : UNE VICTOIRE MILITAIRE.
- VOK

- Jul 5
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"Vous vous demandez quel est notre politique ? Je dis que c’est faire la guerre par mer, par terre et par air..." Gilbert KABANDA, Ministre de la Défense de la RDC.
Malgré de multiples initiatives régionales pour instaurer la paix, notamment les accords de Luanda et de Nairobi, le Président Félix Tshisekedi a toujours affiché une réticence marquée à conclure un accord de paix global avec le Rwanda en particulier concernant les revendications de ce dernier, à savoir la neutralisation des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et l’ouverture d’un dialogue avec le Mouvement du 23 Mars (AFC-M23). Pourtant, contre toute attente, Tshisekedi a signé l’accord de Washington en Juin 2025, un document qui reflète en grande partie les termes de l’accord de Luanda. Comment expliquer ce revirement ? Cet article explore les dynamiques sous-jacentes à cet accord, les contradictions apparentes dans la politique de Kinshasa, et les défis qui menacent la viabilité de cette initiative de paix.
Un Accord sous Pression Internationale
L’accord de Washington, signé sous l’égide des États-Unis, marque un tournant dans les relations entre la RDC et le Rwanda. Cet accord exige de Kinshasa des mesures concrètes pour neutraliser les FDLR, un groupe armé Hutu opérant dans l’Est de la RDC et perçu comme une menace par Kigali, tout en ouvrant la voie à un dialogue avec le Mouvement du 23 Mars (AFC-M23). Cependant, plusieurs analystes estiment que cet accord n’est pas le fruit d’une volonté sincère de Tshisekedi de faire la paix, mais plutôt le résultat de pressions diplomatiques internationales, orchestrées notamment par les États-Unis.
Des facts révèlent que Tshisekedi aurait initialement cherché à conclure un accord militaire avec Washington, offrant en échange un accès privilégié aux vastes ressources minières de la RDC.
"Si en échange de nos minerais, nous pouvons obtenir la possibilité d'arrêter les agissements de Kagame, je crois que nous pouvons le faire avec n'importe quel pays", (Italique) déclaration de l'ancien Ministre des Affaires Étrangères Christophe Lutundula.
Cette stratégie visait à renforcer les Forces Armées de la RDC (FARDC) pour écraser militairement le M23, si possible attaquer le Rwanda, malgré les défaites répétées de l’armée congolaise face à ce Mouvement Politico-militaire. Cependant, les États-Unis, conscients de l’influence régionale du Rwanda et de son rôle clé dans la chaîne d’approvisionnement des minerais, ont jugé impossible de conclure un tel accord sans impliquer Kigali. Le Rwanda, grâce à son poids diplomatique et à son expertise dans le raffinage des minerais, s’est imposé comme un acteur incontournable dans les négociations. Sous la pression de Washington, Tshisekedi a été contraint de s’asseoir à la table des négociations avec le Rwanda, aboutissant à la signature de l’accord.
Les Contradictions de Kinshasa : Une Politique Belliqueuse
Malgré la signature de l’accord, les actions du gouvernement congolais semblent contredire ses engagements. Le ministre de la Défense de la RDC, lors d’une allocution télévisée le 30 janvier 2025, avait annoncé une stratégie de guerre totale « par terre, par mer et dans les airs » contre le M23. Cette rhétorique belliqueuse s’est traduite par des actes concrets, notamment les attaques récentes contre des populations civiles dans des zones comme Minembwe, où des bombardements ont visé des civils, y compris un avion humanitaire transportant de l’aide. Ces actions ont renforcé l’image d’un gouvernement déterminé à poursuivre une guerre d’usure, voire une « épuration ethnique », ciblant les communautés Rwandophones (Tutsi-Banyamulenge) perçues comme proches du M23.
Par ailleurs, des rapports crédibles font état de l’engagement par Kinshasa de mercenaires blancs, notamment des européens, pour lancer des offensives contre le M23 à Uvira, récupérer les villes stratégiques de Goma et Bukavu. Ces initiatives, qui ont récemment échoué, témoignent de la persistance de Tshisekedi à privilégier une solution militaire, en dépit des revers subis par les FARDC et de l’accord de Washington. Cette approche contraste avec les engagements pris dans le cadre des négociations, où la RDC s’est engagée à privilégier le dialogue et la désescalade.
Le Rwanda et l’Influence Régionale
Le rôle du Rwanda dans ce processus ne peut être sous-estimé. Kigali a su capitaliser sur son influence diplomatique et son positionnement stratégique dans la région des Grands Lacs pour imposer ses conditions dans l’accord de Washington. En mettant en avant la nécessité de neutraliser les FDLR, une menace directe pour la sécurité du Rwanda et la région entière, l'accord semble être un morceau dur pour Kinshasa. Le président rwandais Paul Kagame, dans sa récente déclaration du 3 juillet 2025, a toutefois exprimé des doutes sur l’engagement réel de Tshisekedi à respecter l’accord. Cette méfiance reflète les tensions persistantes entre les deux Chefs d'Etats et laisse planer le spectre d’un échec de l’accord.
Un Accord en Péril : Une Paix Illusoire ?
L’accord de Washington, bien qu’ambitieux, risque de devenir, selon plusieurs analystes, un « mort-né ». Les contradictions entre les engagements diplomatiques de Tshisekedi et les actions de son gouvernement sur le terrain jettent un doute sérieux sur sa volonté de paix. En poursuivant une stratégie militaire, en s’appuyant sur des mercenaires, en maintenant son soutien sur les milices criminels Wazalendo et en compliquant les négociations au dialogue avec le M23, Kinshasa semble reproduire les schémas qui ont conduit à l’échec des précédents accords, comme celui de Luanda. Cette approche soulève une pensée logique : "Tshisekedi est un obstacle à la paix ! L'inclure dans la résolution du conflit équivaut à perpétuer le problème." (Gras)
Vers une Solution Durable ?
Pour que la paix devienne une réalité dans l’est de la RDC, il faudra plus qu’un simple accord sur papier. La neutralisation des FDLR, le dialogue avec le M23 et la cessation des hostilités contre les populations civiles sont des préalables indispensables. Cependant, ces objectifs nécessitent un changement radical dans la posture de Kinshasa, qui devra abandonner ses ambitions de victoire militaire au profit d’une approche inclusive et négociée. Par ailleurs, la communauté internationale, et en particulier les États-Unis, devra maintenir une pression constante pour garantir le respect des engagements pris.
En conclusion, l’accord de Washington représente une opportunité fragile pour ramener la paix en RDC, mais son succès reste suspendu à la volonté politique de Tshisekedi et à la capacité des acteurs régionaux et internationaux à imposer une désescalade. Sans un engagement sincère de toutes les parties, cet accord risque de rejoindre la longue liste des initiatives de paix avortées dans la région des Grands Lacs. L’avenir de la RDC dépendra de la capacité de ses dirigeants à surmonter leurs ambitions personnelles et à privilégier le bien-être d’une population épuisée par des décennies de conflit.
Par MUHINDO DEFRAISE Enosh,
Voice of Kivu.













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