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RDC – Clan Tshisekedi : corruption, nĂ©potisme et pillage d’État au cƓur du pouvoir

  • Writer: VOK
    VOK
  • Oct 12
  • 5 min read
Le clan Tshisekedi
Le clan Tshisekedi

EnquĂȘte sur un systĂšme familial de prĂ©dation qui a transformĂ© le Congo en entreprise privĂ©e, et sur la montĂ©e d’une opposition armĂ©e nourrie par le dĂ©sespoir populaire.


Kinshasa – Sept ans aprĂšs l’accession de FĂ©lix Tshisekedi Ă  la prĂ©sidence, la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo semble s’ĂȘtre enfoncĂ©e dans un cycle de corruption systĂ©mique, de nĂ©potisme et de clientĂ©lisme institutionnalisĂ©.

Au cƓur du scandale : un pouvoir familial accusĂ© d’avoir dĂ©tournĂ© des milliards issus des ressources miniĂšres, tout en transformant les institutions publiques en instruments de contrĂŽle politique et d’enrichissement personnel.


Le Katanga, coffre-fort du clan Tshisekedi


Région stratégique par excellence, le Katanga concentre les plus vastes réserves mondiales de cobalt et de cuivre, ressources clés pour la transition énergétique mondiale.

Mais ce trĂ©sor national s’est muĂ© en une source de rente pour le sommet de l’État.

Selon plusieurs estimations industrielles, prÚs de deux milliards de dollars échappent chaque année aux caisses publiques, principalement dans les concessions gérées par Eurasian Resources Group (ERG) et ses partenaires locaux.


En sept ans, c’est prĂšs de 14 milliards de dollars qui se seraient volatilisĂ©s dans des circuits opaques, souvent liĂ©s Ă  des sociĂ©tĂ©s-Ă©crans et Ă  des proches du prĂ©sident.

Un ancien haut cadre de la Gécamines affirme :


“Les revenus miniers ne profitent plus Ă  la RĂ©publique, mais Ă  un rĂ©seau parallĂšle placĂ© sous le contrĂŽle du clan Tshisekedi. Le Katanga est gĂ©rĂ© comme un patrimoine privĂ©.”


Les habitants de la rĂ©gion, eux, n’ont vu aucun dĂ©veloppement : routes impraticables, Ă©coles dĂ©labrĂ©es, hĂŽpitaux Ă  l’abandon.

Beaucoup y voient une forme de punition politique : les jeunes militants katangais qui dĂ©noncent ce pillage sont intimidĂ©s, arrĂȘtĂ©s ou poussĂ©s Ă  l’exil.


Un État confondue à une famille


Sous Tshisekedi, le Congo a glissĂ© vers ce que des analystes dĂ©crivent comme une “accaparation du pouvoir par une seule famille”.

Des proches parents, des alliés politiques ou des conjoints de ministres occupent les postes clés dans les entreprises publiques et les fonds spéciaux.

Les décisions économiques sont désormais prises dans les cercles privés du Palais, loin de tout contrÎle parlementaire.


“La RĂ©publique est devenue une affaire de famille,” confie un ancien conseiller prĂ©sidentiel. “Les institutions ne servent plus l’État, mais une dynastie en formation.”


Ce clientĂ©lisme a ruinĂ© la crĂ©dibilitĂ© des politiques publiques et vidĂ© de sens les promesses de rĂ©forme qui avaient accompagnĂ© l’arrivĂ©e de Tshisekedi en 2019.


FONAREV : la souffrance transformée en trésor politique


Le scandale du Fonds national de rĂ©paration des victimes (FONAREV) a cristallisĂ© l’indignation populaire.

Créé pour venir en aide aux survivantes de violences sexuelles et aux victimes de guerre, ce fonds, dirigĂ© par des proches de la PremiĂšre Dame, est accusĂ© d’avoir dĂ©tournĂ© la quasi-totalitĂ© de ses ressources.


Sur 212 millions de dollars collectés entre 2024 et 2025, à peine 2,5 % ont servi aux bénéficiaires.

Le reste aurait Ă©tĂ© absorbĂ© par des frais administratifs excessifs, des salaires astronomiques – jusqu’à 48 000 $ mensuels pour le directeur gĂ©nĂ©ral – et des opĂ©rations financiĂšres opaques.

En avril 2025, l’Inspection gĂ©nĂ©rale des finances avait ordonnĂ© le gel des comptes du fonds.

Mais l’ordre fut annulĂ© en moins de 24 heures, sur instruction directe de la PrĂ©sidence, selon plusieurs sources internes.


“Le FONAREV est devenu un symbole d’humiliation nationale,” dĂ©nonce un membre du mouvement citoyen Filimbi.


“Ils ont transformĂ© la douleur des victimes en vitrine politique et en caisse noire.”


Ce scandale, qui a fait l’objet d’une plainte Ă  Bruxelles pour dĂ©tournement et blanchiment de fonds, illustre la dĂ©rive d’un rĂ©gime dĂ©sormais perçu comme prĂ©dateur et cynique, utilisant mĂȘme la compassion comme levier d’enrichissement.


Justice instrumentalisée, impÎts dévoyés


Dans les milieux d’affaires, la corruption atteint un niveau inĂ©dit.

Plusieurs entreprises étrangÚres ont rapporté avoir été soumises à des chantages fiscaux.

Une sociĂ©tĂ© europĂ©enne, dont la valeur totale ne dĂ©passe pas 18 milliards $, a reçu une facture d’impĂŽts de 80 milliards avant de la voir ramenĂ©e Ă  1 milliard aprĂšs “nĂ©gociation”.

Ce systĂšme d’imposition arbitraire, combinĂ© Ă  la justice aux ordres, a transformĂ© l’économie congolaise en champ d’extorsion organisĂ©.


“Ce pays n’a plus de rĂšgles, seulement des rĂ©seaux,” rĂ©sume un avocat d’affaires Ă  Kinshasa.


“La loi ne sert plus Ă  rendre justice, mais Ă  protĂ©ger ceux qui dĂ©tiennent le pouvoir.”


Un peuple Ă©puisĂ© par l’injustice


MalgrĂ© la richesse de son sous-sol, la RDC reste l’un des pays les plus pauvres du monde.

Sous Tshisekedi, le coĂ»t de la vie a explosĂ©, la monnaie nationale s’effondre, et la jeunesse, sans emploi, n’a d’autre horizon que la dĂ©brouille ou la fuite.

Pendant ce temps, les membres du clan Tshisekedi s’affichent dans le luxe, entre voyages Ă  l’étranger, villas somptueuses et contrats publics opaques.


Le contraste est tel que la colĂšre gagne les provinces, notamment au Katanga et au Nord-Kivu, oĂč la population ne croit plus aux institutions officielles.


La défiance qui nourrit la rébellion


Cette perte de confiance dans l’État explique en partie la montĂ©e de mouvements politico-militaires, qui se prĂ©sentent comme des alternatives face Ă  un rĂ©gime perçu comme illĂ©gitime et corrompu.

L’un des plus emblĂ©matiques, l’Alliance des Forces du Changement (AFC-M23), issue d’une coalition de groupes politico-militaires de l’Est, s’affiche aujourd’hui comme une force rĂ©formatrice, promettant gouvernance locale, discipline et redevabilitĂ©.


Ses porte-parole affirment vouloir rompre avec la corruption, la tribalisation du pouvoir et le nĂ©potisme d’État, dĂ©nonçant l’inefficacitĂ© chronique du gouvernement central.

Dans les zones qu’il contrĂŽle, le mouvement tente de se poser en gestionnaire rigoureux : administration allĂ©gĂ©e, collecte d’impĂŽts rationalisĂ©e, lutte contre les rackets.

Cette stratĂ©gie lui vaut le soutien tacite d’une partie des populations locales, lassĂ©es de l’impunitĂ© de Kinshasa.


Sans cautionner les armes ni la violence, plusieurs observateurs y voient le symptĂŽme d’une rĂ©volte civique qui a basculĂ© dans la militarisation, faute de canaux politiques crĂ©dibles.


“Quand un État se ferme Ă  la justice et Ă  la vĂ©ritĂ©, la contestation prend d’autres formes,” analyse un chercheur congolais basĂ© Ă  Nairobi.


Vers un point de rupture


Les affaires du cobalt et du FONAREV, la rĂ©pression des voix dissidentes et l’impunitĂ© du clan prĂ©sidentiel traduisent un effondrement moral et institutionnel.

La prĂ©sidence Tshisekedi, censĂ©e marquer la rupture avec l’ancien systĂšme, a reproduit les pires rĂ©flexes d’un pouvoir accaparateur et clanique.

Les observateurs internationaux s’inquiĂštent d’un glissement durable : un pays riche, dirigĂ© par une Ă©lite fermĂ©e, oĂč les institutions servent dĂ©sormais de paravent Ă  la prĂ©dation.


La RDC semble approcher un point de non-retour.

Soit une refondation politique Ă©merge — portĂ©e par des forces intĂšgres et inclusives ; soit la fragmentation du pays s’accĂ©lĂ©rera, nourrie par la colĂšre des rĂ©gions spoliĂ©es.


Conclusion : l’urgence d’une renaissance dĂ©mocratique


Le Congo n’est pas condamnĂ© Ă  la corruption.

Mais il doit affronter sa vĂ©ritĂ© : un État capturĂ© par une famille, des ressources pillĂ©es, une population trahie.

La rĂ©bellion de l’Est, quelle qu’en soit la forme, n’est que le reflet d’un systĂšme qui a cessĂ© de fonctionner.

L’espoir renaĂźtra le jour oĂč la richesse nationale cessera de financer des clans pour enfin servir le peuple.


Tant que la prĂ©sidence sera synonyme d’enrichissement familial, la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo ne sera ni rĂ©publicaine, ni dĂ©mocratique.


Par Christa Mongi Muhangi

Voice of Africa

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