Patrick Muyaya a finalement eu sa photo avec les “Banyamulenge”
- VOK

- Aug 14
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Le 13 août 2025, lors de la commémoration du 21e anniversaire du massacre de Gatumba, où 166 Banyamulenge ont été sauvagement tués dans un camp de réfugiés au Burundi, Patrick Muyaya, ministre de la Communication et des Médias de la RDC, a choisi de marquer l’événement d’une manière qui suscite indignation et controverse. En participant à cette cérémonie à Kinshasa, Muyaya a non seulement pris part à un moment de recueillement, mais il a également saisi l’occasion pour se plier à son propre conseil cynique : se faire photographier aux côtés des "Banyamulenge", comme pour prouver l’absence de discrimination à leur égard en République Démocratique du Congo.Il y a quelques semaines, Muyaya avait lancé une déclaration pour le moins provocatrice, conseillant à ceux qu'il appelle "Congolais" de s’arrêter pour prendre des photos avec les Banyamulenge lorsqu'ils les croisent en chemin afin de démontrer une prétendue coexistence harmonieuse. Cette suggestion, déjà perçue comme une banalisation des souffrances de cette communauté, prend une tournure encore plus insultante lorsqu’on constate qu’il a choisi la commémoration d’un génocide pour mettre en pratique son idée. Participer à un événement aussi solennel, aux côtés de figures comme Gisaro, accusées par certains de trahir leur propre peuple alors que les Banyamulenge continuent d’être tués quotidiennement dans les hauts et moyens plateaux de l’Est de la RDC, est une insulte aux victimes et à leur mémoire.Le message posté par Muyaya sur son compte X reflète un vide sidérant, une rhétorique creuse qui ne rend pas justice à la gravité de l’événement :

Ces mots, bien que soigneusement choisis pour sembler empathiques, sonnent comme une tentative maladroite de se dédouaner de toute responsabilité face à l’inaction chronique du gouvernement congolais. Parler de “vivre ensemble” et d’“espoir” alors que les Banyamulenge continuent de subir des violences systématiques, des déplacements forcés et des assassinats ciblés est non seulement déconnecté de la réalité, mais également profondément irrespectueux. Où est la “soif de justice” lorsque les bourreaux de Gatumba, tout comme ceux qui perpétuent les massacres actuels dans l’Est, restent impunis ? Où est l’“engagement à protéger” quand les Banyamulenge sont laissés à la merci des milices et des groupes armés, sans protection adéquate de l’État ?La présence de Muyaya à cette commémoration, loin d’être un geste de solidarité, apparaît comme une opération de communication opportuniste. En se faisant photographier aux côtés des Banyamulenge, il tente de cocher une case dans son agenda politique, tout en ignorant les cris de détresse d’une communauté qui se sent abandonnée par les autorités. Associer un tel événement à une mise en scène médiatique est une profanation de la mémoire des victimes de Gatumba et une insulte aux survivants qui continuent de réclamer justice.
RugeroRurindangabo se prend en photo avec les banyamulenge. VS Rugero Rurindangabo dans les manifestations anti tutsi
La présence d’Innocent Rugero Rurindangabo, un milicien du CMC Nyatura connu pour son rôle dans les pogroms anti-Tutsis de Goma en 2022 et 2023, à la commémoration du massacre de Gatumba aux côtés de Patrick Muyaya est une illustration criante du cynisme et de la profanation de cet événement. Alors que cette cérémonie était censée honorer la mémoire des 166 Banyamulenge tués en 2004, inviter un individu directement impliqué dans des violences ciblées contre cette même communauté, orchestrées avec le soutien des FDLR, est une insulte à la douleur des victimes et des survivants. Rugero, actif dans la mobilisation de manifestations ayant dégénéré en destructions d’églises Banyamulenge et en attaques contre des Tutsis congolais, incarne l’impunité tolérée par les autorités. Sa présence derrière Muyaya, dans une mise en scène médiatique visant à promouvoir un semblant de “vivre ensemble”, révèle une contradiction odieuse : comment peut-on prétendre lutter contre l’oubli et réclamer justice tout en offrant une tribune à un acteur de la haine et de la violence ? Ce choix ne fait qu’amplifier le déni des discours de haine documentés, notamment ceux appelant à l’extermination des Banyamulenge, et confirme que l’engagement affiché par le ministre reste une façade, loin des actions concrètes nécessaires pour protéger une communauté en danger
Le massacre de Gatumba, perpétré en 2004, reste une plaie ouverte pour les Banyamulenge et pour toute la nation congolaise. Cet acte de violence ciblée, qui a visé des femmes, des enfants et des hommes sans défense, n’a jamais été suivi d’une véritable quête de justice. Vingt-et-un ans plus tard, les Banyamulenge continuent de vivre dans la peur, marginalisés et stigmatisés, tandis que des responsables politiques comme Muyaya se contentent de mots vides. Si le ministre souhaite réellement lutter contre l’oubli et promouvoir la justice, il doit aller au-delà des slogans et des photos. Cela commence par des actions concrètes : protéger les populations vulnérables, traduire les responsables des massacres en justice et mettre fin à la stigmatisation des Banyamulenge et des Tutsi Congolais en RDC.En attendant, la participation de Muyaya à cette commémoration, loin d’être un acte de compassion, restera dans les mémoires comme une tentative cynique de polir son image, au mépris des victimes et de leur combat pour la dignité
En tout cas il a eu sa photo.
Les Banyamulenge dans les hauts et moyens plateaux du Sud-Kivu continuent de vivre un calvaire quotidien marqué par des attaques récurrentes et brutales, orchestrées par des milices telles que les Mai-Mai, les FDLR, et les Wazalendo, souvent avec la complicité ou l’inaction des forces gouvernementales congolaises (FARDC). Ces violences, loin d’être sporadiques, s’inscrivent dans une campagne systématique visant cette communauté, avec des villages incendiés, des bétails pillés, et des civils assassinés dans des conditions atroces. Récemment, le Mouvement de Résistance pour la Démocratie et la Paix (MRDP-Twirwaneho) a dénoncé des attaques coordonnées dans les territoires de Fizi et d’Itombwe, alertant sur un « plan d’extermination » impliquant même des troupes burundaises illégalement présentes sur le sol congolais. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont révélé l’horreur de ces crimes, notamment l’image choquante d’un bras coupé d’un Banyamulenge assassiné et la mort de Singaye Byicaza, parmi d’autres victimes. Ces actes barbares, combinés à un blocus empêchant l’accès à la nourriture et à l’aide humanitaire, illustrent une crise humanitaire et sécuritaire d’une gravité extrême, où l’inaction du gouvernement de Kinshasa et l’indifférence internationale laissent les Banyamulenge à la merci d’une violence génocidaire

En conclusion ce massacre de Gatumba, loin d’être un acte isolé, s’inscrit dans une idéologie génocidaire anti-Tutsi profondément enracinée dans la région des Grands Lacs, où les Banyamulenge et les Tutsis congolais sont systématiquement ciblés par des violences orchestrées et des discours de haine. Cette idéologie, alimentée par des groupes comme les FDLR et leurs alliés Wazalendo, se manifeste dans des attaques récurrentes, des pogroms comme ceux de Goma en 2022 et 2023 que Rurindangabo (L'invité d'honneur de Muyaya) a organisé, et des appels explicites à l’extermination des Tutsis, relayés jusque dans l’éducation d’enfants. Le gouvernement de Kinshasa, loin de combattre cette haine, contribue à son négationnisme en minimisant ces discours et en s’associant à des figures controversées comme Charles Onana, condamné en France pour négationnisme du génocide des Tutsis. En tolérant des acteurs comme Innocent Rugero Rurindangabo lors de la commémorations du génocide contre les Banyamulenge, et en niant l’ampleur des discours de haine, Kinshasa révèle directement qu'il est derrière cette idéologie. Combattre ce fléau exige une rigueur sans compromis : démantèlement des réseaux extrémistes, poursuites judiciaires contre les responsables de violences et de propagande, et une reconnaissance officielle des souffrances des Banyamulenge et des Tutsi Congolais en général.
Rédaction VOK

















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