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L'ACCORD VISIT CONGO AVEC l'AS MONACO : UNE INITIATIVE MALAVISÉE QUI RISQUE DE NE PROFITER QU'À LA REGION DU KIVU

  • Writer: VOK
    VOK
  • Jun 27
  • 4 min read
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Goma, le 27 Juin 2025


La République Démocratique du Congo a récemment signé un contrat touristique avec l’AS Monaco, s’inspirant du modèle de partenariat entre Visit Rwanda et PSG et ARSENAL. Cet accord, présenté comme une opportunité de promouvoir le tourisme Congolais, suscite pourtant de vives critiques, tant pour son opportunité que pour sa pertinence dans le contexte actuel du pays. Alors que Kinshasa, vitrine présumée de cette campagne, est en proie à des défis structurels majeurs, des régions comme le Kivu, notamment Goma et Masisi, offrent un potentiel touristique bien plus prometteur. Cet article analyse les failles de l’accord Visit Congo et propose une alternative crédible centrée sur le Kivu.


Un accord touristique mal calibré


L’accord entre la RDC et l’AS Monaco, censé booster l’image touristique du pays à travers une campagne de type Visit Congo, semble déconnecté des réalités congolaises. Le sport, en particulier le football, est un vecteur puissant de promotion internationale, mais il exige un écosystème fonctionnel pour porter ses fruits. Or, le secteur sportif en RDC est en crise : les stades sont vétustes, les infrastructures sportives insuffisantes, et l’organisation des événements sportifs souffre d’un manque chronique de financement. Investir des millions, voire des milliers, dans un partenariat avec un club européen comme l’AS Monaco, sans avoir consolidé les bases locales, relève soit d’une erreur stratégique, soit d’une imitation aveugle du modèle Rwandais.

Cette démarche est d’autant plus paradoxale que la RDC, et Kinshasa en particulier, fait face à des défis qui découragent tout tourisme viable. La capitale congolaise est paralysée par des embouteillages chaotiques, un manque criant d’infrastructures de base comme des routes praticables, et des inondations dévastatrices à chaque saison des pluies. À cela s’ajoutent une insécurité notoire, avec des groupes comme les Kuluna (jeunes délinquants) qui imposent leur loi dans certains quartiers, et un climat général d’instabilité qui dissuade les visiteurs. Dans ce contexte, la campagne Visit Congo, aussi ambitieuse soit-elle sur le papier, apparaît comme une coquille vide, incapable de transformer les promesses en réalité concrète.


L’ironie d’une rivalité mal placée avec le Rwanda


L’accord Visit Congo intervient dans un contexte où une partie de la population de Kinshasa, et plus largement de la RDC, affiche un dédain marqué envers le Rwanda, qualifié d'un petit pays dirigé par un dictateur" et qui n’aurait « rien à enseigner » aux Congolais. Pourtant, le Rwanda a su, avec des moyens limités, transformer son image à l’international grâce à des partenariats bien pensés, comme ceux avec des clubs de football européens (Arsenal, PSG) ou des campagnes touristiques ciblées. La RDC, en s’inspirant de ce modèle sans en reproduire la rigueur ni l’adaptation au contexte local, rate une occasion de tirer des leçons de son voisin.

Cette rivalité mal placée occulte une vérité : le Rwanda a su capitaliser sur des régions spécifiques, comme ses parcs naturels ou ses villes bien gérées, pour attirer les touristes. La RDC, en revanche, semble vouloir promouvoir une image nationale floue, centrée sur une Kinshasa peu attrayante, au lieu de mettre en avant ses véritables joyaux.


Le Kivu : Une alternative touristique crédible


Contrairement à Kinshasa, le Kivu, et en particulier les Zones de Goma et Masisi, présentent un potentiel touristique exceptionnel. Cette région, souvent associée à l’instabilité dans l’imaginaire collectif, connaît une transformation remarquable, notamment dans les zones sous contrôle de l’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23). Goma, autrefois marquée par les conflits, est aujourd’hui un havre de paix relatif, où la sécurité s’est améliorée, permettant une circulation sans crainte pour les visiteurs. Les routes, en cours de construction, renforcent l’accessibilité, tandis que les paysages du Kivu – terres fertiles, lacs majestueux, fermes  et reliefs évoquant la Suisse – offrent un cadre naturel spectaculaire.

Masisi, avec ses collines verdoyantes et ses fermes prospères, pourrait devenir une destination d’écotourisme ou d’agrotourisme, attirant des voyageurs en quête d’authenticité et de beauté brute. Le Kivu, riche en biodiversité et en sites comme le Parc National de Virunga, dispose d’atouts uniques pour séduire les touristes internationaux. Plutôt que de dépenser des sommes colossales dans des campagnes mal ciblées, les autorités Kinshasa auraient tout intérêt à réorienter leurs efforts vers le sport Congolais, en améliorant les infrastructures sportives, et en finançant effectivement les activités sportives.


Une réorientation urgente 


L’accord Visit Congo avec l’AS Monaco, dans sa forme actuelle, risque de n’être qu’un coûteux mirage, incapable de masquer les défis structurels de Kinshasa ni de convaincre les touristes de visiter un pays en proie à l’insécurité et au sous-développement infrastructurel. À l’inverse, le Kivu, avec Goma et Masisi en tête, offre une opportunité réelle de développer un tourisme durable et attractif. Pour y parvenir, la RDC doit investir dans des infrastructures locales, garantir une sécurité pérenne, et adopter une stratégie de communication ciblée. Plutôt que de s’obstiner dans une imitation maladroite du modèle Rwandais, la RDC gagnerait à reconnaître ses propres forces et à les valoriser intelligemment. 

Le Kivu est vers une vision claire et des actions concrètes pour devenir la vitrine touristique d’un Congo en quête de renaissance.


Par MUHINDO DEFRAISE Enosh, 

Voice of Kivu.

 
 
 

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