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La RTNC, miroir sombre de la RTLM — propagation médiatique de la haine ethnique comme la radio du génocide contre les Tutsi au Rwanda

  • Writer: VOK
    VOK
  • Oct 9
  • 3 min read
Yves Abdallah Journaliste de la RTNC
Yves Abdallah Journaliste de la RTNC

Au lieu d’être une voix d’unité nationale, la télévision publique congolaise (RTNC) devient une tribune de haine. Dans une émission parrainée par le ministre de la Communication, un journaliste a appelé à « traquer et tuer les familles » des membres présumés du M23. Un discours qui rappelle dangereusement la propagande de la RTLM, tristement célèbre pour avoir attisé le génocide contre les Tutsi au Rwanda.


Un appel au meurtre diffusé sur la chaîne d’État


Sur le plateau de Congolais Téléma, émission placée sous le patronage du ministre Patrick Muyaya, le journaliste Yves Abdallah Makanga a lancé une campagne nommée « Luka famille na bango » — « Recherchez leurs familles ».

Il a appelé les Congolais, y compris la diaspora, à s’en prendre aux proches des membres du mouvement rebelle AFC/M23.


« Répondez à la barbarie par la barbarie », a-t-il exhorté à l’antenne.


Ces mots, diffusés sur une chaîne nationale financée par les impôts des citoyens, constituent une incitation directe au viol et au meurtre. Ils transforment des familles civiles en cibles.


La RTNC sur les traces de la RTLM


L’ombre du Rwanda plane sur Kinshasa.

En 1994, la Radio Télévision Libre des Mille Collines (RTLM) avait semé les graines du génocide contre les Tutsi. Elle appelait à « exterminer les cafards », désignait des familles, excitait la haine au nom du patriotisme.

Trente ans plus tard, les mêmes mécanismes ressurgissent.


« La RTNC ne se contente plus d’informer. Elle arme les esprits », dénonce un observateur des médias congolais.


Sous prétexte de défendre la nation, la télévision d’État diffuse un discours de vengeance, de déshumanisation et de haine communautaire.

La comparaison avec la RTLM n’est pas outrancière : elle est terriblement exacte.


Un régime complice par le silence


L’émission incriminée n’est pas une initiative isolée. Elle est supervisée par le ministère de la Communication.

En l’absence de réaction officielle, la question se pose : le gouvernement cautionne-t-il ces propos ?


Ni le ministre Muyaya, ni le président Félix Tshisekedi n’ont condamné publiquement l’appel de Yves Abdallah.

Ce mutisme en dit long. Il s’apparente à une complicité politique, voire à une stratégie de diversion : détourner la colère populaire vers des boucs émissaires désignés — les Congolais rwandophones, notamment les Tutsi.


De la désinformation à la déshumanisation


La mécanique est bien connue :


1. Désigner un ennemi intérieur ;

2. Effacer la frontière entre civils et rebelles ;

3. Légitimer la vengeance collective.


Ce processus mène droit à la déshumanisation.

Il a préparé le génocide de 1994.

Aujourd’hui, il risque de fragmenter le Congo, d’alimenter les violences intercommunautaires et de justifier de nouvelles atrocités dans l’Est du pays.


La RTNC, arme du pouvoir


Au lieu de promouvoir la paix et l’unité, la RTNC est devenue un instrument de propagande d’État.

Les journalistes critiques sont marginalisés, tandis que les zélateurs du régime disposent d’une tribune nationale pour répandre un discours dangereux.

La télévision publique, censée informer tous les Congolais, se transforme en mégaphone d’un pouvoir qui confond patriotisme et haine.


« Le silence des autorités, c’est la permission donnée à la violence », souligne un militant des droits humains à Kinshasa.


Responsabilité et devoir de mémoire


Le gouvernement Tshisekedi porte une responsabilité morale et politique directe.

Le ministre Muyaya, garant de la communication publique, ne peut ignorer ce qui s’est dit sous sa tutelle.

Il doit être interpellé, tout comme le journaliste Abdallah, qui devrait répondre de l’incitation au viol, au meurtre et à la haine ethnique.


Mais au-delà des individus, c’est le système qu’il faut interroger : comment un média national a-t-il pu devenir le relais d’une telle idéologie ?


Conclusion : rompre avec le miroir de la RTLM


Le Congo ne doit pas suivre le chemin du Rwanda de 1994.

Les mots précèdent toujours les massacres.

Ce qui s’est dit sur la RTNC n’est pas anodin — c’est un signal d’alarme historique.


« Le Congo mérite une télévision publique qui éclaire et rassemble, pas une arme qui divise et détruit. »


Si le gouvernement Tshisekedi veut éviter le pire, il doit agir maintenant : sanctionner, s’excuser publiquement, restaurer la crédibilité de la RTNC et rompre avec cette logique de haine qui souille la parole d’État.


Par Christa Mongi Muhangi 

Voice of Kivu

 
 
 

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