RDC : Face à l’échec de l’État, l’AFC-M23 propose une alternative fédéraliste — Entretien exclusif avec Bertrand Bisimwa sur Voice of Kivu
- VOK

- Aug 8
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Dans un entretien exclusif accordé à Voice of Kivu, le président du M23 et coordonnateur adjoint de l’AFC-M23, Bertrand Bisimwa, livre un diagnostic implacable de l’état de la République démocratique du Congo (RDC). Il met en lumière les racines profondes de la crise qui ronge l’Est du pays, critique la gouvernance centralisée du régime Tshisekedi, et expose la vision politique que porte l’AFC-M23 : celle d’un fédéralisme congolais ancré dans les réalités locales.
1. Une crise née de l’échec structurel de l’État congolais
Pour Bertrand Bisimwa, la principale cause des conflits dans l’Est du Congo est la faillite totale de l’État. Selon lui, le régime actuel, comme ceux qui l’ont précédé, a échoué à doter le pays d’une vision nationale, d’un programme de développement cohérent, et d’un cadre de gouvernance inclusif. Ce vide institutionnel a été comblé par une stratégie de diversion : la fabrication d’ennemis internes et externes, notamment en stigmatisant certaines communautés comme les Tutsis ou les rwandophones.
« Au lieu de répondre aux besoins des citoyens, l’État a fabriqué un ennemi commun : le Rwanda. Il a attisé la haine ethnique pour masquer son incompétence», dénonce-t-il.
Pour l’AFC-M23, cette politique de la haine n’est qu’un cache-misère, destiné à détourner l’attention de la population congolaise des véritables problèmes : pauvreté, marginalisation, injustice fiscale, et abandon du développement.
2. Doha vs Washington : une clarification nécessaire
L’entretien exclusif sur Voice of Kivu permet aussi de démystifier deux processus de négociation souvent confondus : Doha et Washington.
* Le processus de Washington concerne la dimension externe du conflit, notamment les tensions entre la RDC et le Rwanda sur les FDLR, les réfugiés congolais vivant au Rwanda, et les soupçons d'ingérence.
* Le processus de DOHA, en revanche, porte sur la dimension interne : le rapport entre l’État congolais et ses citoyens dans l’Est du pays.
« Nous ne sommes pas un État. Doha concerne nos revendications légitimes comme citoyens congolais. C’est entre nous et Kinshasa », clarifie Bisimwa.
Il dénonce l’inaction du pouvoir central face aux problématiques existentielles dans l’Est : refus de reconnaître certains citoyens comme congolais, persécutions ethniques, création de milices, insécurité persistante, et absence de services publics.
3. Une "restauration de l’État" par et pour les Congolais
L’un des concepts centraux développés dans cet entretien est celui de la « capacitation de l’État ». Contrairement à la conception autoritaire défendue par Kinshasa, l’AFC-M23 propose une reconstruction de l’État à partir des réalités locales, en redonnant aux institutions les moyens d’assumer leurs fonctions fondamentales : sécurité, justice, santé, éducation, infrastructures.
« Kinshasa confond gouvernance et prédation. Ils perçoivent les taxes de l’Est mais ne rendent aucun service en retour », accuse Bisimwa.
Il souligne que l’autorité de l’État ne pourra être restaurée qu’avec les communautés locales, pas contre elles. Et que le M23 et l’AFC-M23 entendent jouer un rôle actif dans ce processus, sur toute l’étendue du territoire national, et non seulement dans l’Est.
4. Le fédéralisme comme solution structurelle
Face à l’échec historique de l’unitarisme congolais, Bertrand Bisimwa affirme sans détour :
« Nous n’y sommes pas favorables. Nous l’imposons. Le fédéralisme est la seule voie réaliste. »
L’AFC-M23 défend un modèle où chaque entité fédérée dispose d’une réelle autonomie politique, économique et administrative. Il dénonce la confiscation des ressources par Kinshasa, qui capte les revenus générés en province pour les dilapider dans des dépenses fastueuses — sans réinvestissement local.
La Constitution prévoit que les provinces gardent 40 % de leurs recettes à la source, mais le régime Tshisekedi a contourné cela en imposant un système de « rétrocession » qui ne fonctionne pas.
Résultat : les provinces sont étranglées, les populations abandonnées.
Dans ce contexte, le fédéralisme apparaît comme la seule garantie d’un développement équitable, enraciné dans les besoins des territoires.
Conclusion : L’alternative AFC-M23 face à l’arrogance de Kinshasa
De cette interview exclusive ressort un message fort : l’AFC-M23 ne cherche pas la guerre, mais la justice.
Elle ne revendique pas le pouvoir, mais la dignité. Elle ne veut pas diviser le pays, mais le reconstruire sur des bases solides.
Face à un régime Tshisekedi qui confisque, ment, stigmatise et échoue, le mouvement propose une alternative fondée sur la responsabilité, la transparence et la légitimité populaire.
En donnant la parole à Bertrand Bisimwa, Voice of Kivu permet de comprendre que la question du M23 n’est pas militaire, mais profondément politique et citoyenne. Et que ceux qui refusent d’écouter cette voix risquent de condamner encore une génération entière à l’exil, à la pauvreté et à la guerre.
Par Christa Mongi Muhangi
Voice of Kivu













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