Sécurité, espoir et retour à la terre : le projet de société de l’AFC-M23 — Entretien exclusif avec Bertrand Bisimwa sur Voice of Kivu

Dans la dernière partie de son entretien exclusif accordé à Voice of Kivu, Bertrand Bisimwa, président du M23 et coordonnateur adjoint de l’AFC-M23, va au-delà des considérations militaires ou diplomatiques. Il partage une vision claire, presque personnelle, de ce que pourrait être une paix durable : une armée républicaine, le retour sécurisé des réfugiés, et une vie rurale stable pour tous.

Un contre-projet politique qui s’oppose frontalement au modèle de gouvernance du régime Tshisekedi, qualifié de centralisateur, répressif et prédateur

1. Une nouvelle armée congolaise, neutre et républicaine

Pour l’AFC-M23, il est impossible de garantir une paix durable avec l’actuelle structure des FARDC, gangrenée par les infiltrations ethniques, les intérêts politiques et les alliances douteuses avec des groupes armés.

« Ce ne sera ni les FARDC, ni les Wazalendo, ni les mercenaires étrangers. Nous voulons une nouvelle armée congolaise, nationale et impartiale. »

Bertrand Bisimwa appelle à une refondation complète : une armée réformée, issue de toutes les communautés, formée selon des standards républicains, et exclusivement au service de la nation — non d’un régime.

2. Le retour des réfugiés : une priorité humanitaire et politique

Depuis des décennies, des milliers de Congolais vivent en exil, notamment au Rwanda, au Burundi et en Ouganda. Beaucoup d’entre eux, perçus comme « rwandophones », ont été injustement exclus du tissu national.

Aujourd’hui, grâce à la stabilité apportée par l’AFC-M23, certains commencent à revenir, mais l’inquiétude demeure. Kinshasa reste hostile à leur retour et menace cette sécurité fragile.

« Ces gens ne fuient pas le Congo. Ils fuient l’État congolais. Ils reviennent maintenant parce qu’ils trouvent un minimum de paix dans nos zones. »

Bisimwa assure que ces populations seront protégées et qu’il est hors de question de les abandonner à la merci des FARDC, FDLR ou autres groupes hostiles.

3. Une vie normale pour tous : retour à la terre, à la paix et à la dignité

À travers l’entretien, Bertrand Bisimwa rappelle que le combat de l’AFC-M23 est avant tout existentiel. Il ne s’agit pas d’ambitions de pouvoir, mais d’un rêve simple : vivre en paix, cultiver, élever sa famille, transmettre une terre stable aux générations futures.

« Mon meilleur souvenir, c’est d’aller garder les vaches pendant les vacances dans mon village. Ce rêve, je veux qu’il redevienne possible pour chaque Congolais. »

La vie rurale, le retour à l’autonomie agricole et la cohésion communautaire sont au cœur du projet de société de l’AFC-M23. Contrairement au régime Tshisekedi, qui concentre tout à Kinshasa, le mouvement prône une reconstruction à partir des territoires oubliés, de la base, des collines, des champs.

4. Bertrand Bisimwa, portrait d’un leader enraciné

L’interview se termine par quelques questions personnelles qui révèlent la simplicité et l’ancrage populaire de celui que beaucoup appellent désormais « le porte-voix des oubliés ».

* Plat préféré : le maïs grillé, un aliment paysan, symbole de la terre.

* Ce qu’il déteste le plus : la haine, qu’il accuse Kinshasa d’instrumentaliser.

* Loisir favori : la lecture, reflet d’un esprit méthodique et curieux.

* Meilleur souvenir : garder les vaches au village, image d’une paix perdue mais qu’il rêve de restaurer.

« Nous ne cherchons pas à diviser, ni à dominer. Nous voulons vivre. Simplement. En paix. »

Conclusion : une vision populaire contre un pouvoir central méprisant

Ce que propose l’AFC-M23, ce n’est pas un coup d’État, ni une guerre d’occupation. C’est une alternative de paix enracinée dans les réalités locales, en rupture totale avec un régime centralisé, méprisant, et indifférent à la souffrance des provinces.

Le régime Tshisekedi a prouvé son incapacité à construire une armée crédible, à protéger ses citoyens, à accueillir ses réfugiés, et à investir dans les territoires.

L’AFC-M23, elle, pose les fondations d’un Congo où l’on peut vivre et non survivre.

Et si c’était cela, la vraie révolution ?

Par Christa Mongi Muhangi

Voice of Kivu